La seule version abrégée du journal de Colomb actuellement disponible

Plus encore que navigateur, Christophe Colomb se sent missionnaire. Son ambition : répandre la parole divine et amasser suffisamment d’or pour financer la reconquête de la Terre sainte.

Dès le début des années 1480, il a l’idée d’atteindre les « Indes » par l’ouest, en traversant l’Atlantique. Cette erreur, on le sait, le mettra en présence des « Indiens » d’Amérique, et non du Grand Khan, empereur de Chine… Pour la comprendre, il faut se rappeler que, en cette fin de Moyen Âge, le monde est conçu comme un bloc de trois continents – l’Europe, l’Afrique et l’Asie – cernant la Méditerranée et entouré par une seule et unique mer. Redécouverte en 1409 puis largement diffusée par l’imprimerie, la Géographie de Ptolémée (ii^e siècle) conforte cette vision et fait autorité dans toute la chrétienté. Toutefois, la carte léguée à l’Occident par Ptolémée fourmille d’inexactitudes : ainsi, l’Asie est très allongée vers l’est, si bien que ses côtes orientales semblent peu éloignées du littoral européen. En outre, bien que les savants s’accordent sur le fait que la Terre est ronde, sa circonférence est encore nettement sous-évaluée. Colomb estime donc que, après une traversée de quelques jours, il abordera ces contrées décrites par Marco Polo, où abondent l’or et les épices…

Le 3 août 1492, ayant obtenu le mandat des souverains d’Espagne, il part avec deux caravelles, la Pinta et la Niña, et une nef, la Santa Maria ; ce sera le premier de quatre longs voyages… On pourra s’étonner que ces quatre voyages n’aient pas donné lieu à des récits d’égale importance. Le premier a été à l’origine du texte le plus long, alors qu’il fut le plus court dans le temps. D’une part, étant le premier, la nouveauté de la découverte appelait davantage de descriptions ; par ailleurs, comme on le comprendra au fil de la lecture et dans les repères biographiques placés en fin de volume, les revers subis par Colomb avaient altéré son enthousiasme et beaucoup de ses écrits du troisième et du quatrième voyage visaient surtout le rétablissement de ses droits.

On possède assez peu de documents de la main de Colomb. La plupart de ses écrits nous sont parvenus grâce à des copies faites par Bartolomé de Las Casas, ami de Diego Colomb, le fils aîné du découvreur. Dominicain espagnol et farouche défenseur des Indiens, Las Casas, ayant accès aux archives familiales, va recopier ou raconter l’histoire de ces découvertes ; c’est pourquoi l’on trouve dans ce volume à la fois un journal, des lettres de Colomb et des récits de la plume de Las Casas.