Christophe Colomb

Christophe Colomb
Portrait de Christophe Colomb, gravure du XIXe siècle © D. R.

Cristoforo Colombo naît à Gênes en 1451 dans une famille modeste. À quatorze ans, il quitte la boutique de tisserand de son père et prend la mer. Pendant quelques années, il sera corsaire. À vingt-cinq ans, il est mousse sur un navire attaqué par les Français au sud du Portugal. Le navire fait naufrage. Colomb rejoint la côte à la nage et c’est ainsi qu’il se retrouve au Portugal.

En 1479, il épouse Felipa, jeune femme sans fortune, mais de haute lignée, qui va l’introduire dans la noblesse portugaise. À Lisbonne, il étudie des documents de marine et de géographie : loin vers l’ouest existeraient de vastes terres inexplorées. Il est sûr qu’il s’agit de la Chine décrite par Marco Polo dans son Livre des merveilles et que l’on doit pouvoir l’atteindre en traversant l’Atlantique.

En 1483, il demande au roi Jean II du Portugal de financer son projet et sollicite le titre de « Grand Amiral de la Mer Océane ». Jean II refuse. Colomb se tourne alors vers l’Espagne et, le 20 janvier 1486, soumet son idée à Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, qui lui opposent une fin de non recevoir. À Cordoue, il noue une liaison avec Béatrice de Arana, une jeune femme de vingt ans qui va lui donner un fils, Ferdinand, futur biographe de son père.

Janvier 1492 : l’Espagne arrache aux Maures leur dernier bastion, Grenade. Les souverains vont pouvoir s’occuper de cette nouvelle croisade : la conquête des Indes par l’ouest. En avril, ils octroient à Colomb une flotte de trois navires et répondent à toutes ses exigences : il sera, notamment, « Grand Amiral de Castille » et « Vice-Roi des Indes ». Le 3 août, la Santa Maria, la Pinta et la Niña quittent les côtes espagnoles pour Cipango, le Japon tant vanté par Marco Polo, et Cataye, la Chine. Colomb entame le journal de son voyage.

Dans la nuit du 12 octobre, une terre est en vue. Le lendemain, la navigateur débarque dans une île qu’il baptise San Salvador. Mais cette île ne ressemble pas au Cipango de Marco Polo… Où sont l’or, les perles, les pierres précieuses ? Suit la découverte d’autres îles des Bahamas, de Cuba et d’Haïti, qu’il baptise Hispaniola (« L’Île espagnole »). La nuit de Noël, la Santa Maria s’échoue sur un récif. Colomb ordonne de construire une citadelle avec les bois du navire : ce sera La Navidad, le fort de la Nativité, à l’ouest de l’actuelle ville de Cap-Haïtien. Il va y laisser trente-neuf hommes pour chercher de l’or. Le 16 janvier 1493, la Niña et la Pinta reprennent la mer et font route vers l’Europe, qu’elles atteignent deux mois plus tard. Le 30 mars, Colomb rejoint triomphalement les souverains d’Espagne, escorté de six Indiens et d’une foule de valets portant les oiseaux, les objets, les graines et les morceaux d’or rapportés des Indes.

Il repart le 25 septembre 1493 avec une quinzaine de navires et plus de mille hommes, parmi lesquels des nobles espagnols désireux de s’établir aux Indes et des religieux soucieux d’évangéliser les indigènes. Le 3 novembre, il découvre la Dominique et Marie-Galante, puis la Guadeloupe, les Saintes… Le 27, il débarque au fort de la Nativité et apprend que les colons laissés sur place ont été massacrés pour avoir dérobé l’or et les femmes des Arawaks. Colomb se lance dans la conquête de l’île et capture le chef des indigènes ; mauvais traitements, déportations et microbes européens contribuent à un véritable génocide : en une cinquantaine d’années, des cent mille Indiens que comptait Haïti, « L’Île espagnole », il ne restera que quelques centaines de survivants. Colomb construit une ville loin du fort dévasté : La Isabela, première cité européenne des Indes. Certains colons espagnols mécontents, opposés au « clan des Génois », se plaignent aux souverains de l’incapacité de Colomb à gouverner l’île. Les Rois Catholiques envoient sur place un enquêteur, Juan de Aguado, qui confirme l’incurie du gouverneur. Colomb repart pour la Castille en mars 1496. Le retour de ce deuxième voyage n’est en rien comparable au premier. Les souverains se montrent distants : l’explorateur avait promis de l’or… il a surtout rapporté la syphilis qui se propage de port en port. Il devra attendre deux ans avant qu’ils n’acceptent de financer son troisième voyage.

Il repart le 30 mai 1498 avec six navires au lieu de douze et a dû recruter des prisonniers pour compléter son équipage… Il envoie trois de ses navires directement à Hispaniola avec des vivres et décide, pour sa part, de suivre une autre direction qui l’amène, en août 1498, à l’embouchure de l’Orénoque : sans le savoir, il vient de découvrir le continent américain (la « Terre de Grâce »). En longeant la côte, il comprend que ce continent n’est pas la Chine mais une « quatrième partie du monde » – selon lui, le Paradis terrestre. Il atteint Hispaniola fin août et découvre une colonie en proie à tous les désordres : les nobles espagnols refusent de travailler et réclament des esclaves. Colomb adopte alors le système de l’encomienda : les Indiens travailleront et, en retour, seront évangélisés – c’est le début d’un esclavage organisé. En 1500, les troubles sont si graves que les souverains d’Espagne envoient un émissaire muni des pleins pouvoirs, Francisco de Bobadilla, lequel met Colomb aux fers et le renvoie à Cadix. Il y arrive le 25 novembre 1500 et est emprisonné. Ferdinand d’Aragon le libère un mois plus tard, mais Colomb a perdu tout crédit. Il sombre alors dans un délire mystique, prêche la croisade pour la reconquête de Jérusalem et annonce la fin du monde. Les souverains donnent un autre gouverneur à Hispaniola.

Entre-temps, Vasco de Gama a atteint les Indes, celles que nous connaissons sous ce nom. Pour Colomb, c’est un nouveau défi : il sollicite de nouveau avec insistance les souverains, finit par obtenir gain de cause et, le 9 mai 1502, commence son quatrième voyage avec quatre caravelles, le seul titre d’amiral et l’interdiction d’aborder à Hispaniola. En juillet, il touche le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica et le Panama, où il croit avoir trouvé la Cochinchine. En mai 1503, malade, presque aveugle, il échoue à la Jamaïque. Il n’est secouru qu’en juin 1504 et rentre en Espagne malade et criblé de dettes. Le 27 décembre, la reine Isabelle, la seule dont il pouvait encore espérer le soutien, disparaît. Colomb consacre les mois qui suivent à tenter d’obtenir une audience du roi.

Ses maux s’aggravent, le 19 mai 1506, il fait son testament, et meurt le lendemain, à l’âge de cinquante-cinq ans. Il ne laissera pas son nom à sa découverte : en effet, un an après sa mort, Martin Waldseemuller, célèbre géographe allemand, s’inspirera d’une lettre d’un autre explorateur, Amerigo Vespucci, pour baptiser du nom d’Amérique les terres découvertes par Colomb.