Pierre Corneille

Pierre Corneille
Portrait de Pierre Corneille, huile sur toile de François Sicre, peintre-marchand ordinaire du roi, vers 1680 © Musée Carnavalet, Paris

Pierre Corneille naît en juin 1606 à Rouen dans une famille de magistrats. Il est l’aîné de cinq frères et sœurs. À neuf ans, il entre au collège des jésuites de la ville. Il en sort à dix-huit pour prêter serment en tant qu’avocat. Mais ses études lui ont fait découvrir le théâtre. Il vient d’ailleurs d’écrire sa première comédie, Mélite, qu’il confie en 1629 à l’acteur Mondory, futur fondateur du théâtre du Marais. Seulement son père lui a acheté deux charges d’avocat du roi. Corneille ne plaidera pas, mais elles lui permettront de gagner correctement sa vie jusqu’en 1650, date à laquelle il les vendra. Le succès remporté par Mélite l’encourage. Suivent une tragi-comédie, Clitandre, et plusieurs comédies, La Veuve ou le Traître trahi, La Galerie du Palais, La Suivante, La Place royale… Le jeune homme se taille une solide réputation de dramaturge. En 1636, il donne L’Illusion comique, puis, la même année, sa première tragédie, Médée – on ne l’attend pas dans ce registre : la pièce ne remporte pas l’adhésion.

C’est alors que, s’inspirant des Enfances du Cid, du dramaturge espagnol Guillén de Castro, il compose ce qui restera son chef-d’œuvre. En janvier 1637, les premières représentations du Cid sont un triomphe… mais suscitent l’une des premières grosses polémiques du monde littéraire, la fameuse « querelle du Cid » : Corneille est accusé de plagiat, on lui reproche d’avoir outragé la bienséance, d’avoir enfreint la règle des trois unités qui régit alors le théâtre classique, etc.

En 1639, Pierre Corneille père meurt et, à l’âge de trente-trois ans, Corneille fils doit subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères et sœurs. En 1640, Horace, une tragédie romaine, se taille un beau succès. Dans l’année, grâce à l’appui du cardinal de Richelieu, Corneille épouse Marie de Lampérière, une jeune noble. Le couple aura deux filles et quatre fils.

En 1642-1643, Corneille donne Cinna, Polyeucte, La Mort de Pompée, confirmant son talent d’auteur de tragédies. On l’appelle le « Sophocle français ». En 1643-1644, il s’offre un détour par la comédie avec Le Menteur et La Suite du Menteur. C’est à cette époque qu’il postule à la toute jeune Académie française (créée par Richelieu onze ans plus tôt) : il est recalé au prétexte que, habitant Rouen, il ne pourrait être assidu aux séances. Il promet de passer une partie de l’année à Paris et est élu en 1647. Entre-temps, il a fait jouer Rodogune et Héraclius.

En 1648 éclate la Fronde. Richelieu et Louis XIII sont morts. Louis XIV est trop jeune pour régner. La régence est assurée par sa mère, Anne d’Autriche, appuyée par le cardinal Mazarin. La noblesse, aspirant à davantage de pouvoir, se soulève. Corneille soutient le pouvoir royal, ce dont Mazarin le récompense en le nommant, en 1650, procureur général des États de Normandie. Corneille doit vendre ses charges d’avocat. Mais, dès février 1651, Mazarin est contraint à l’exil : Corneille perd son poste et n’a plus dorénavant aucune charge officielle.

En 1659, il crée Œdipe et, l’année suivante, livre son Examen du Cid, vingt-trois ans après la querelle qui agita Paris. En 1662, Sertorius fait un tel triomphe que la pièce est reprise par la troupe de Molière. En 1663, Louis XIV gratifie l’auteur d’une pension de deux mille livres.

Dans les années suivantes, Corneille écrit Sophonisbe (1663), Othon (1664), Agésilas (1666). Mais l’enthousiasme du public s’émousse. Le succès de Racine, le grand rival, se confirme. Au point qu’Henriette d’Angleterre, belle-sœur de Louis XIV, après avoir sollicité les deux dramaturges pour écrire sur Bérénice, choisit la Bérénice de Racine contre le Tite et Bérénice de Corneille. Celui-ci connaîtra un dernier succès avec Psyché, une tragédie-ballet créée avec Molière, qui sera jouée en 1671 devant le roi et sa Cour. Les pièces qui suivront sont toutes des échecs, et sa pension royale lui est retirée en 1674.

Corneille a soixante-huit ans. Il se détourne définitivement du théâtre. En 1682, il supervise l’édition complète de son Théâtre et disparaît deux ans plus tard, à Paris, à l’âge de soixante-dix-huit ans.