George Sand

George Sand
George Sand en 1864, photographiée par Nadar (document colorisé)

George Sand naît à Paris en 1804 sous le nom d’Amantine Aurore Lucile Dupin. Ses parents, Maurice Dupin de Francueil, petit-fils du maréchal de Saxe et militaire de carrière, et Sophie-Victoire Delaborde, fille d’un oiselier, se sont mariés à peine un mois plus tôt. La famille Dupin est d’ancienne noblesse et fixée dans le Berry. La terre de Nohant lui appartient depuis 1793. Aurore a une demi-sœur, de cinq ans son aînée, née d’une précédente union de sa mère. Elle a également un demi-frère du côté de son père. En 1808, Maurice Dupin perd la vie dans une chute de cheval. Aurore a quatre ans. Dès 1810, Sophie Delaborde renonce à demeurer sous le même toit que sa belle-mère, qui la considère comme une roturière. Il est convenu qu’Aurore restera à Nohant, aux soins de sa grand-mère, que Sophie ira vivre à Paris avec sa première fille et qu’elle viendra voir Aurore chaque été. François Deschartres, ancien précepteur de son père, se chargera de son instruction.

Elle a treize ans quand sa grand-mère la place au très mondain couvent des augustines anglaises, à Paris. Celle qui verra plus tard ses œuvres mises à l’Index envisage, à l’époque, de prendre le voile. En 1820, elle rentre à Nohant et s’occupe de sa grand-mère jusqu’à son décès en décembre 1821. Dès l’année suivante, Aurore gagne Paris pour vivre avec sa mère, mais constate bientôt tout ce qui les sépare. En avril, elle rencontre Casimir Dudevant, fils naturel d’un baron d’Empire. Elle a dix-huit ans, lui vingt-sept. Cinq mois plus tard, elle l’épouse, et le couple part habiter Nohant, dont Aurore est l’héritière. Leur premier enfant, Maurice, naît en 1823.

Le mariage bat de l’aile. Aurore s’ennuie et entretient une correspondance passionnée avec Aurélien de Sèze, un jeune magistrat bordelais rencontré lors d’un voyage. Cette liaison demeure platonique, à la différence de celle qui va l’unir à Stéphane Ajasson de Grandsagne, un érudit, probablement le véritable père de Solange Dudevant, qui naît en 1828.

En 1831, Aurore quitte Nohant pour la capitale, laissant Maurice et Solange à la garde de Casimir, qui lui accorde de vivre à Paris six mois par an. C’est le début de l’émancipation. Mi-juillet, elle s’installe avec Jules Sandeau, un étudiant en droit de sept ans son cadet. Il abandonne ses études et, ensemble, ils écrivent Rose et Blanche. Le livre paraît au mois de décembre sous le pseudonyme de J. Sand. En 1832, Aurore vient à Nohant reprendre sa fille, qu’elle emmène à Paris, et écrit, seule cette fois, Indiana. Le roman est publié en mai sous la signature de G. Sand. Son autrice devient tout de suite célèbre. En novembre, elle fait paraître Valentine sous le pseudonyme complet de George Sand. François Buloz lui ouvre les colonnes de la Revue des Deux Mondes. En 1833, elle publie Lélia, rompt avec Sandeau, puis tombe amoureuse d’Alfred de Musset. Au cours d’un voyage en Italie où tous deux tombent malades, elle s’éprend du médecin Pietro Pagello. L’histoire ne durera que quelques mois et, de retour à Paris, elle tente de renouer avec Musset. Mais leur relation est orageuse, et ils rompent au printemps 1835.

Résolue à se séparer de son mari, George Sand prend pour avocat Michel de Bourges avec qui elle entame une brève liaison. Après de nombreuses péripéties judiciaires, en 1836, elle obtient la garde des enfants et le droit de conserver Nohant. Les Lettres d’un voyageur et Mauprat paraissent en 1837.

Elle rencontre Chopin en 1838. L’année suivante, ils s’installent ensemble et partagent leur temps entre Nohant et Paris. Leur amour durera une dizaine d’années. C’est pendant cette période qu’elle publie Gabriel, Le Compagnon du Tour de France, Un hiver à Majorque, Consuelo, La Comtesse de Rudolstadt, Jeanne, Le Meunier d’Angibault, Le Péché de M. Antoine, Lucrezia Floriani, Les Paysans, La Vallée noire, François le Champi, etc. – et, le plus célèbre de ses romans, La Mare au diable. Elle entame la rédaction d’Histoire de ma vie en 1847, année de la rupture avec Chopin. Elle apprendra sa mort en 1849. Elle ne l’aura jamais revu.

Au cours de ces dix années, elle a contribué à fonder plusieurs journaux : La Revue indépendante, L’Éclaireur de l’Indre, d’inspiration républicaine, et, au moment de la révolution de février 1848, La Revue sociale, le Bulletin de la République, puis La Cause du peuple. Ses amis républicains et socialistes, Auguste Blanqui, Armand Barbès, François-Vincent Raspail, Pierre Leroux, sont arrêtés. Se sentant menacée, elle rentre à Nohant. Quelques mois plus tard paraît La Petite Fadette. Parallèlement, George Sand s’essaie au théâtre : elle adapte François le Champi pour la scène, triomphe avec Claudie, Le Démon du foyer, Mauprat… À quarante-six ans, elle entame sa liaison la plus durable et aussi la plus discrète, celle qui va l’unir au graveur Alexandre Manceau, qui est aussi son secrétaire.

Le 5 octobre 1854, le quotidien La Presse commence à publier en feuilleton Histoire de ma vie. Sand a cinquante ans. Elle vit désormais presque exclusivement à Nohant. Dans les années qui suivent, elle enchaîne pièces et romans : Lucie, Françoise et Comme il vous plaira sont jouées, mais sans grand succès. Elle publie La Daniella, Le Diable aux champs, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, Légendes rustiques, Jean de la Roche, Constance Verrier, Le Marquis de Villemer, Valvèdre, La Famille de Germandre. En 1863 paraît Mademoiselle La Quintinie, un roman épistolaire dont l’anticléricalisme fait scandale. Il lui vaudra une mise à l’Index de l’ensemble de son œuvre par le Saint-Office.

En 1865, Alexandre Manceau meurt de la tuberculose à l’âge de quarante-huit ans. Comme à son habitude, Sand se réfugie dans l’écriture (Le Dernier Amour, Cadio, Mademoiselle Merquem, Pierre qui roule, Malgré tout, etc.) et dans l’amitié : elle s’est liée avec Flaubert avec qui elle entretient depuis deux ans une abondante correspondance.

En 1874, sa santé se dégrade – elle n’en continue pas moins de travailler. Elle meurt en juin 1876, à l’âge de soixante-douze ans. Ses obsèques ont lieu à Nohant. Sur sa tombe, Victor Hugo la proclame « immortelle ».

Média

Paroles de Passeurs : Constance Robert-Murail parle d’« Histoire de ma vie », de George Sand

l'école des loisirs · Paroles de passeurs : Constance Robert-Murail parle d' « Histoire de ma vie » de George Sand
Interview et réalisation : Sylvie Dodeller Musique : Valse en la mineur B.150 de Frédéric Chopin, interprétée par Aya Higuchi Hagelthorn