François-René de Chateaubriand

François-René de Chateaubriand
François-René de Chateaubriand, gravure anonyme, XIXe siècle, coll. privée © D. R.

François-René de Chateaubriand naît à Saint-Malo en 1768. Sa famille est issue d’une noblesse ancienne, mais ruinée. Son père s’attache à restaurer la fortune familiale grâce au commerce maritime. Il y parvient et acquiert le château de Combourg où les Chateaubriand emménagent en 1777. On envoie François-René poursuivre sa scolarité à Dol, Rennes et Dinan. Il a seize ans lorsqu’il revient à Combourg. Il y passe ce qu’il nommera « deux années de délire » dans l’ambiance glaçante du château, entre un père taciturne, une mère mélancolique et une sœur dépressive. Malade, suicidaire, et après de longues hésitations, en 1786 il rejoint le régiment de Navarre en tant que « cadet-volontaire ». Au cours de cette période, il se rend à Paris et est présenté à la Cour.

1789 : Chateaubriand a vingt et un ans. Il assiste en spectateur aux débuts de la Révolution et commence à fréquenter les salons littéraires. En avril 1791, désireux d’échapper à l’agitation révolutionnaire et curieux du Nouveau Monde, il embarque pour l’Amérique et aborde à Baltimore trois mois plus tard. Ce voyage, qu’il relate dans ses Mémoires, irradiera toute son œuvre. En décembre, apprenant l’arrestation de Louis XVI à Varennes, il décide de rentrer en France.

De retour à Saint-Malo en 1792, il fait un « mariage de raison » avec Céleste de La Vigne, fille du directeur de la Compagnie des Indes, mais la dot espérée s’est évanouie avec la Révolution. Quatre mois après, il rejoint sans conviction l’armée contre-révolutionnaire des émigrés. Blessé au siège de Thionville et atteint de la petite-vérole, il parvient à gagner l’Angleterre. Il va y passer huit ans, au début à Londres, dans le plus extrême dénuement, avant de se faire professeur de français, traducteur, puis de recevoir un secours exceptionnel du National Fund en tant qu’émigré. En 1794, sa femme, sa mère et sa sœur sont arrêtées comme suspectes avant d’être libérées ; son frère est guillotiné.

En 1796, il rédige son Essai historique sur les révolutions. L’ouvrage paraît en 1797 et connaît un succès qui vaut à son auteur d’intégrer les milieux de l’émigration. L’année suivante, la mort de sa mère entraîne une véritable conversion : Chateaubriand entame la rédaction de Génie du christianisme.

Le coup d’État du 18 brumaire et les mesures pacificatrices du Consulat le décident à rentrer en France en 1800.

En 1801, il publie Atala et, l’année suivante, son Génie du christianisme. Les deux œuvres remportent un brillant succès. Leur auteur fréquente le salon de Pauline de Beaumont, avec qui il entretient une liaison. Mais, dès 1803, il est nommé secrétaire d’ambassade à Rome et part, délaissant Pauline. Il est, depuis deux ans déjà, amoureux de la marquise de Custine. C’est pourtant Pauline qui ira le rejoindre à Rome et qui, atteinte de tuberculose, mourra dans ses bras. C’est cette année-là que germe en lui l’idée d’écrire ses Mémoires.

Des désaccords avec l’ambassadeur le font regagner Paris en janvier 1804. En mars, Bonaparte, qui redoute un complot royaliste, fait assassiner le duc d’Enghien. Chateaubriand démissionne aussitôt de ses fonctions. Dans le même temps, il renoue avec sa femme. L’année 1804 s’achève par un événement tragique : la mort de sa sœur Lucile.

Le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte est sacré « empereur des Français ».

En 1806, Chateaubriand entame son voyage en Orient : Italie, Grèce, Turquie, Égypte, Tunisie… Il regagne Paris en juin 1807. À peine rentré, il publie un réquisitoire dans lequel il compare Napoléon à Néron, ce qui lui vaut d’être banni de Paris. Il achète la propriété de la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry.

En 1809, publication des Martyrs et, en 1811, de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, dans lequel il relate son voyage en Orient. La même année, Chateaubriand est élu à l’Académie française, mais son discours de réception attaque le pouvoir et suscite les foudres impériales. Il est donc élu, mais pas reçu à l’Académie, où il ne siégera que sous la Restauration.

En 1812, il entame la rédaction de ses Mémoires.

1814 : fin des guerres napoléoniennes. Les armées des forces coalisées entrent dans Paris. Napoléon est contraint d’abdiquer. C’est la première Restauration. Chateaubriand publie De Buonaparte et des Bourbons, plaidoyer pour le retour des Bourbons sur le trône. En 1815, après l’épisode des Cent-Jours et lors de la seconde Restauration, il est nommé ministre d’État et pair de France, avec le titre de vicomte. L’année suivante, il publie De la monarchie selon la Charte, ouvrage qui soutient notamment ce principe : « Le roi règne et ne gouverne pas. » Chateaubriand perd alors son poste de ministre… et sa pension : il doit vendre la Vallée-aux-Loups. Il poursuivra son action politique à travers ses articles. Dans le même temps, il s’éprend de Juliette Récamier dont il fréquente assidûment le salon.

Son hommage au duc de Berry, assassiné au début de 1820, lui vaut un retour en grâce, des ambassades à Berlin et à Londres, puis un poste de ministre des Affaires étrangères qu’il perd en 1824 à la suite d’un différend avec le Premier ministre Villèle. Il entre alors en opposition frontale avec ce dernier, opposition qui se traduit par de nombreux articles, notamment en faveur de la liberté de la presse. Elle ne prendra fin qu’en 1828, avec la chute du ministère Villèle, qui aura traversé le règne de Louis XVIII et vu l’avènement de Charles X. Chateaubriand est nommé ambassadeur à Rome. Mais, dès 1829, la formation du ministère Polignac, qui menace le système représentatif, le conduit à démissionner.

En 1830, les ordonnances réactionnaires provoquent la révolution de Juillet et l’exil de Charles X. Refusant de prêter serment à Louis-Philippe d’Orléans, qu’il considère comme un usurpateur, Chateaubriand renonce, par fidélité aux Bourbons, à ses fonctions publiques, ainsi qu’à ses pensions. Il va pouvoir se consacrer totalement à la rédaction de ses Mémoires.

En 1832, il est accusé de complot contre la sûreté de l’État, puis acquitté, pour avoir soutenu la duchesse de Berry dans son Mémoire sur la captivité de Mme la duchesse de Berry. Son célèbre « Madame, votre fils est mon roi ! » devient la formule de ralliement des légitimistes.

À l’exception de La Vie de Rancé, pénitence imposée par son directeur de conscience, il passe les années suivantes à rédiger ces Mémoires qu’il veut ne voir publiés qu’après sa mort. Il les achève en 1841.

Il disparaît à l’âge de quatre-vingts ans, en juillet 1848, et est inhumé, conformément à ses vœux, face à la mer sur le rocher du Grand Bé, à Saint-Malo.