Pétrus Borel

Pétrus Borel
Portrait de Pétrus Borel à la pointe sèche par Marcellin Desboutin, illustration tirée des « Romantiques », d’Alphonse Parran (1881) © The Trustees of the British Museum.

Pétrus Borel naît à Lyon en juin 1809, douzième d’une fratrie qui comptera quatorze enfants. Leur père est quincailler. Borel a onze ans quand la famille s’installe à Paris et se lance dans le commerce de la vannerie.

À dix-neuf ans, Pétrus Borel est embauché comme secrétaire d’un architecte à Melun et suit les cours de dessin dispensés par le peintre Eugène Devéria. Il appartient au Petit-Cénacle, club éphémère de jeunes romantiques bohèmes, qui compte dans ses rangs notamment Gérard de Nerval et Théophile Gautier. Le 25 février 1830, il participe au chahut de la fameuse bataille d’Hernani, en soutien au drame romantique de Victor Hugo. Après les Trois Glorieuses de juillet 1830, il fréquente la Société des amis du peuple, association de républicains ancêtre de la Société des droits de l’homme.

À cette époque, il commence à publier des poèmes dans des revues comme l’Almanach des Muses. Au printemps 1831, il tâte de la prison pour défaut de passeport. Il vit dans une absolue pauvreté. À l’été, ayant loué au bas de la butte Montmartre une masure baptisée le « Camp des Tartares », il y vit nu avec ses camarades du Petit-Cénacle – une expérience vite réprimée par la police.

C’est en 1832 qu’il se donnera son célèbre surnom de « lycanthrope », autrement dit, de loup-garou. Dans sa préface à Rhapsodies, son premier recueil de poèmes, il écrit : « Oui, je suis républicain, comme l’entendrait un loup-cervier : mon républicanisme c’est de la lycanthropie !… J’ai besoin d’une somme énorme de liberté ! la République me la donnera-t-elle ? » Cette lycanthropie métaphorique, il en entretiendra toute sa vie la légende. Poète maudit par excellence, agitateur excentrique, « frénétique » tourmenté, il fait deux séjours à la prison de Sainte-Pélagie, a un fils avec une femme dont il épousera la fille, Gabrielle, née d’un premier mariage, dirige un journal intitulé Satan, etc.

Puis, lassé de la misère et du mauvais sort, il opère un virage à 180 degrés et, sur les conseils de Gautier, part en 1845 pour l’Algérie où il entre dans l’administration coloniale. Il travaille d’abord à Alger auprès du maréchal Bugeaud, gouverneur général du pays, puis à Mostaganem comme inspecteur de la colonisation. Dix ans plus tard, après de multiples cahots et intrigues, il est démis de ses fonctions. Il doit vivre désormais, en simple colon, du maigre produit de ses terres. Et c’est dans un champ que, en juillet 1859, il meurt brutalement, à cinquante ans, sans doute frappé d’une insolation.

De son œuvre on retient surtout aujourd’hui Champavert, contes immoraux (1833), Madame Putiphar, son unique roman, qui ressortit au genre « gothique », et son inoubliable traduction de Robinson Crusoé.