Nicolas Perrot d’Ablancourt

Nicolas Perrot d’Ablancourt
Grisaille représentant Nicolas Perrot d’Ablancourt, mairie de Châlons-en-Champagne © D. R.

Né en 1606 à Châlons-en-Champagne, Nicolas Perrot d’Ablancourt est issu d’un milieu noble protestant. Son père, Paul Perrot de la Salle, est l’auteur d’ouvrages de piété. Il envoie son fils étudier jusqu’à l’âge de treize ans au collège de Sedan, l’un des plus célèbres établissements réformés de l’époque, puis le fait revenir à Châlons et lui adjoint les services d’un précepteur en philosophie.

Perrot d’Ablancourt a seize ans quand il part faire son droit à Paris : deux ans plus tard, il est reçu avocat au Parlement de Paris. À la mort de son père, il se rapproche de son oncle, Cyprien Perrot, conseiller au Parlement, qui entreprend de le convertir au catholicisme. Mais, pris de regret, le jeune homme abjure après quelques années et redevient protestant. Dans le même mouvement, il renonce au Barreau et part pour la Hollande, où il passe un an à apprendre l’hébreu.

De retour à Paris, il fréquente assidûment le monde des lettres et se lance dans la grande affaire de sa vie, la traduction, celle, notamment, des grands auteurs latins et grecs : Lucien de Samosate, Cicéron, Tacite, Xénophon, Thucydide et… Jules César. Sa traduction des Commentaires sur la guerre des Gaules fera l’objet de multiples rééditions.

Si le xviie siècle, et jusqu’à Vaugelas lui-même, admire l’élégance et la clarté de sa plume, on lui reproche certaines libertés prises avec l’original, au point que le grammairien Gilles Ménage, tout en reconnaissant son talent, l’affuble du surnom de Hardi d’Ablancourt et invente à propos de ses traductions une expression promise à un brillant avenir, celle de « Belles infidèles ». Perrot d’Ablancourt se justifie ainsi des libertés prises avec le texte :

« Ce n’est rendre un auteur qu’à demi que de lui retrancher son éloquence ; comme il a été agréable en sa langue, il faut qu’il le soit encore en la nôtre ; et d’autant que les beautés et les grâces sont différentes, nous ne devons point craindre de lui donner celles de notre pays, puisque nous lui ravissons les siennes. Autrement, nous ferons une méchante copie d’un admirable original, et après avoir bien travaillé sur un ouvrage, nous trouverons que nous n’en avons que la carcasse. »

En septembre 1637, il entre, à trente et un ans, dans la toute jeune Académie française et consacre le reste de sa carrière à la traduction et à l’étude : philosophie, théologie, histoire, littérature, mais aussi, hébreu, italien, espagnol n’ont pas de secret pour cet érudit.

Il disparaîtra en novembre 1664 des suites de la gravelle.