Bernard Noël
Bernard Noël est né dans l’Aveyron en 1930. Élevé dans la ferme de ses grands-parents, il monte à Paris dans les années 1950 pour suivre des études de journalisme auxquelles il renoncera rapidement. Sa jeunesse est marquée par la découverte des camps d’extermination, la bombe, les guerres coloniales, notamment celle d’Algérie dans laquelle il agit aux côtés des Algériens : « porteur de valises » pour le FLN, il subit un emprisonnement dont il portera longtemps les stigmates. Sa conscience politique ne le quittera jamais et fera de lui un homme et un auteur engagé.
Passionné depuis l’enfance par la lecture et l’écriture, il aborde tous les genres et tous les métiers de l’écrit : la poésie, d’abord, mais aussi le roman, l’essai, la critique d’art, le théâtre, le journal de voyage, le dictionnaire, la traduction, l’édition, etc.
En 1958, il publie son premier ouvrage, Extraits du corps, suivi, une dizaine d’années plus tard du Château de Cène, qui lui vaut un procès pour outrage aux bonnes mœurs, et d’un Dictionnaire de la Commune. Éditeur chez Delpire de 1967 à 1970, il rencontre Arthur Hubschmid et crée, en 1977, la collection « Classiques abrégés » de l’école des loisirs, pour laquelle il abrège une vingtaine de romans classiques (La Peau de chagrin, Les Trois Mousquetaires, Notre-Dame de Paris, Vingt mille lieues sous les mers, etc.) dans une démarche anti-élitiste visant à les rendre accessibles au plus grand nombre.
Puis il se consacre à son œuvre personnelle, qui comptera pas moins d’une centaine d’ouvrages, lesquels le révéleront comme une conscience et un écrivain majeurs du siècle. On lui doit la notion très actuelle de « sensure » dans laquelle la parole n’est plus limitée, mais le sens noyé et brouillé par la profusion des informations : « La privation de sens est la forme la plus subtile du lavage de cerveau, car elle s’opère à l’insu de sa victime. Et le culte de l’information raffine encore cette privation en ayant l’air de nous gaver de savoir. »
Bernard Noël est décédé le 13 avril 2021.