L’engrenage de la fatalité dans le Paris du xve siècle
Victor Hugo n’a pas trente ans quand, obligé d’honorer un contrat avec son éditeur, il s’enferme pendant quatre mois et demi pour composer cette fresque somptueuse qui nous restitue le bouillonnement d’un monde, le vacarme d’une époque… et la superbe d’édifices médiévaux dont il déplore qu’ils soient laissés à l’abandon ou livrés à ceux qu’il appelle les « hommes de l’art » : « Sans doute, c’est encore aujourd’hui un majestueux et sublime édifice que l’église de Notre-Dame de Paris. Mais si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant les dégradations, les mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui en avait posé la première pierre, pour Philippe Auguste qui en avait posé la dernière. » C’est si vrai que, dans les années 1830, on envisageait même la destruction de Notre-Dame. La diatribe hugolienne fera mouche. Le roman aura un retentissement tel qu’il conduira à la restauration de l’édifice par l’architecte Viollet-le-Duc. Notre-Dame de Paris a sauvé Notre-Dame…
« Ouvrez ce livre, il est vertigineux. C’est une trappe d’où vous tombez de la hauteur de cinq siècles en plein cœur du Paris de Louis XI. Au milieu du grouillement et des clameurs de la Cour des Miracles, trois personnages, dont les destins, secoués par la fatalité, s’entrechoquent en produisant un bruit terrible : d’abord l’ensorceleuse, la bohémienne, celle qui danse dans les rues au son du tambourin : ses seize ans et sa beauté sont la flamme et le soufre de cet enfer. Puis le prêtre, le damné, l’archidiacre à l’âme perdue de passion inavouable. Silhouette noire, figure livide. Enfin, claudiquant de l’un à l’autre, jappant, grognant, soufflant, non pas un être humain mais “quelque chose d’affreux, mi-homme mi-animal, plus dur, plus difforme et plus foulé aux pieds qu’un caillou”. C’est Quasimodo, le sonneur de cloches, pauvre gnome bossu, borgne et sourd, créature effrayante et grotesque, véritable délire de la nature habité par une force de cyclope. Mais ce caillou a un cœur, le monstre pleure d’amour pour Esmeralda.
On sort de cette lecture vaincu, titubant, abasourdi et se frottant les yeux, la tête pleine du fracas roulant de l’Histoire. »
Boris Moissard
Étudier
Un roman à grand spectacle à étudier au collège
En sixième, pour explorer l’objet d’étude « Le monstre, aux limites de l’humain » avec le personnage de Quasimodo.
En quatrième, dans le cadre de l’objet d’étude : « Individu et société : confrontations de valeurs ? » : toujours à travers Quasimodo, figure de paria de la société.
Mais aussi au titre du questionnement : « La ville, lieu de tous les possibles ? » dans lequel il s’agit de « montrer comment la ville inspire les écrivains – poètes, auteurs de romans policiers, grands romanciers des xixe et xxe siècles, etc. »
Texte recommandé par l’Éducation nationale.
- 6e
- 4e
« Notre-Dame de Paris », de Victor Hugo. Lire un roman historique et populaire en classe de quatrième
Séquence réalisée par Norbert Czarny, professeur de lettres
5 séances – 16 pages
- Angles de lecture possibles : roman historique, roman populaire.
- Lecture à voix haute : la procession des voleurs, les dialogues.
- Résumé de texte.
- Argumenter :
- le sentiment amoureux dans le roman ;
- la beauté et la laideur.
- Notre-Dame de Paris, roman historique : Histoire et fiction, aspect documentaire.
- La fabrique du roman populaire : le sens du spectacle, des procédés visant à intriguer le lecteur (point de vue externe, du lieu au personnage).
- Un auteur complice de son lecteur.
- De la lecture détaillée à la lecture méthodique, analyse d’un texte descriptif : la cour des Miracles dans « Notre-Dame de Paris », de Victor Hugo
par Philippe Labaune, professeur de lettres :
- en quatrième-troisième, sans prétendre préparer ses élèves à un travail d’analyse et à une méthodologie qu’ils acquerront au lycée, le professeur de français peut leur fournir des outils de lecture et des démarches prenant en compte la spécificité générique et typologique du texte littéraire. C’est l’un des objectifs de cette séance consacrée au texte littéraire descriptif à travers l’analyse d’un extrait du roman de Victor Hugo décrivant la Cour des miracles (livre II, pp. 53-55).
Autour du livre
Avis de lecteurs
« Un chef-d’œuvre abrégé intelligemment. Comme pour tous les livres de l’école des loisirs, le texte abrégé garde toute sa saveur et son intérêt. À lire absolument. »
« Publié en 1831, ce très grand roman de Victor Hugo te transportera dans une aventure palpitante tout en te faisant découvrir avec beaucoup de précision l’architecture de la magnifique Notre-Dame, dans laquelle se passe une grande partie de ce chef-d’œuvre. »
Sur le site « Les livres de Laelia »
« À tous ceux qui ont aimé la comédie musicale et qui sont comme moi fascinés par l’histoire d’Esmeralda et de Quasimodo ! La version abrégée permet de faire découvrir les classiques de la littérature à ceux qui n’aiment pas particulièrement lire. »
Je bouquine
« Tu connais la jeune bohémienne Esmeralda, le sonneur de cloches Quasimodo, et Frollo, l’ignoble archidiacre de la cathédrale ? Si tu as vu Le Bossu de Walt Disney, tu connais déjà l’intrigue du roman de Victor Hugo. Tu peux maintenant le lire en version abrégée. Victor Hugo raconte comme personne le Paris du Moyen Âge et le gigantisme fantastique de Notre-Dame de Paris. »
Agenda
« Si la mer est le sujet, l’objet et l’acteur principal des Travailleurs de la mer, elle n’apparaît[...]
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