Mark Twain

Mark Twain
Photographie de Mark Twain en 1906 par Frances Benjamin Johnston, bibliothèque du Congrès, Washington

Samuel Langhorne Clemens naît à Florida, petit village du Missouri, en novembre 1835. La famille compte sept enfants ; trois seulement dépasseront l’âge de vingt ans : Orion, Pamela et Samuel. Il a quatre ans quand son père, avocat de formation, se fait commerçant et décide de quitter Florida pour la ville d’Hannibal sur les berges du Mississippi. C’est là que Samuel Clemens passera son enfance et puisera l’inspiration des aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn.

En 1847, son père meurt brutalement des suites d’une pneumonie. À douze ans, Samuel quitte l’école : il devient apprenti typographe, fait ses premiers pas de chroniqueur humoristique dans The Hannibal Journal, la gazette locale que son frère Orion vient de racheter, et passe ses soirées à lire à la bibliothèque.

À dix-huit ans, curieux du monde et désireux de faire fortune, il multiplie les voyages et les contributions pour les journaux des grandes villes des États-Unis : Saint-Louis, New York, Philadelphie, Washington, Cincinnati… Mais la fortune se fait attendre… Alors, en 1857, il se fait embaucher comme apprenti pilote sur l’un des nombreux vapeurs qui sillonnent le Mississippi. Savoir naviguer sur ce fleuve capricieux, c’est la promesse d’opportunités lucratives. Il obtient sa licence de pilote en 1859, mais, dès le mois d’avril 1861, la guerre de Sécession porte un coup sévère au commerce fluvial et Samuel Clemens regagne Hannibal avant de partir pour Virginia City, dans le Nevada, et d’y devenir journaliste pour le Territorial Enterprise, organe de presse qui couvre la riche actualité minière de la région. C’est dans ce journal qu’il adopte pour la première fois le pseudonyme de Mark Twain (« Marque Deux »), qui désigne, en navigation, deux brasses de profondeur (des eaux encore navigables pour un vapeur), pseudonyme qu’il aurait emprunté à un autre pilote.

Mark Twain mène une vie turbulente qui l’oblige à quitter Virginia City. Il va alors tenter sa chance comme chercheur d’or en Californie, et en rapporte un conte drolatique « Jim Smiley et la grenouille sauteuse ». Publiée en novembre 1865 dans un hebdomadaire littéraire new-yorkais, l’histoire est reprise dans tout le pays. Et Mark Twain devient célèbre.

Sa carrière de journaliste lancée, il se fait aussi conférencier : l’exercice est épuisant, mais rémunérateur, et Twain le poursuivra toute sa vie.

En 1867, il s’installe à New York comme « reporter » pour le quotidien Alta California de San Francisco, qui l’envoie en Europe chroniquer le premier grand voyage organisé de l’histoire du tourisme : un pèlerinage de six mois en Terre sainte. Mark Twain embarque en juin 1867. Il enverra au journal une cinquantaine d’articles qui auront un retentissement considérable et qu’il réunira en 1869 dans Le Voyage des innocents.

En février 1870, il épouse Olivia Langdon, sœur d’un jeune homme rencontré sur le bateau et fille d’un homme d’affaires prospère. Le couple emménage à Hartford, dans le Connecticut. Il aura trois filles (Susan, Clara et Jean) et un fils (Langdon, mort en bas âge).

En 1872, Twain publie À la dure, récit semi-autobiographique de ses voyages dans l’Ouest américain. C’est un succès de librairie, comme le sera L’Âge d’or, roman satirique dénonçant la corruption politique et financière du pays.

C’est en 1876 que Twain fait paraître avec le succès que l’on sait Les Aventures de Tom Sawyer. Il part ensuite pour l’Europe, où il reste plusieurs mois, un séjour qui lui inspire Un vagabond à l’étranger (1880) et Le Prince et le Pauvre (1881). De retour au pays, il remonte le Mississippi et prend des notes pour ce qui deviendra La Vie sur le Mississippi (1883).

Dans le même temps, il multiplie les placements hasardeux, le plus désastreux étant une machine typographique : deux exemplaires seulement seront fabriqués, dont un finira à la ferraille. Il y investit trois cent mille dollars (soit six millions de dollars d’aujourd’hui). Tous les profits tirés de ses livres y passent, ainsi qu’une bonne part de l’héritage de sa femme. En 1884, mécontent de ses éditeurs, il fonde sa propre maison d’édition et, l’année suivante, y publie Les Aventures de Huckleberry Finn. Puis, afin d’assurer la promotion de l’ouvrage et de financer cette nouvelle entreprise, il s’engage dans une tournée de conférences de quatre mois.

Pendant quelque temps, l’avenir semble radieux : la maison d’édition connaît certains succès, et l’argent rentre. Pourtant, rapidement, les problèmes financiers resurgissent, contraignant Twain à des publications alimentaires et à un endettement galopant. En 1894, il publie La Tragédie de Pudd’nhead Wilson, ainsi que l’une des nombreuses suites de Tom Sawyer, Tom Sawyer à travers le monde, suivie, en 1896, de Tom Sawyer détective.

Espérant que la vie y sera moins chère, Twain emmène sa famille en Europe (France, Autriche, Italie…) et se déclare en faillite personnelle, échappant ainsi pour un temps à ses créanciers. En juillet 1895, il se lance dans une tournée mondiale de conférences qui va durer un peu plus d’un an : Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Afrique du Sud, Angleterre, etc. C’est à Londres qu’il apprend le décès de sa fille Susan des suites d’une méningite. Pour fuir son chagrin, il se jette à corps perdu dans le travail : en 1897, il relate sa tournée dans Le Tour du monde d’un humoriste.

Dès 1898, les revenus générés par ce livre et par les conférences lui permettent de s’acquitter de ses dettes. En 1904, Twain perd sa femme et, cinq ans plus tard, sa fille Jean. En 1906, il a fait paraître son dernier ouvrage, Le Legs de trente mille dollars et autres contes. Sur la fin de sa vie, il s’est vu enfin officiellement reconnu par l’institution et par les universités de Yale (1901), du Missouri (1902) et d’Oxford (1907).

Mark Twain meurt d’une crise cardiaque en avril 1910, à l’âge de soixante-quinze ans.

Média

Sophie Chérer, « Renommer » : Mark Twain, histoire d'un pseudo

Sophie Chérer, « Renommer » : Mark Twain, histoire d'un pseudo
Texte extrait de « Renommer », de Sophie Chérer, l’école des loisirs, 2016