Herman Melville

Herman Melville
Portrait d’Herman Melville par Joseph Oriel Eaton, huile sur toile. Salle Edison & Newman, Houghton Library, université d’Harvard, Cambridge, Massachusetts.

Né en 1819 à New York, Herman Melville est le troisième enfant d’une famille qui en comptera huit. Il a douze ans quand son père disparaît en laissant des dettes colossales. Obligés de travailler, les enfants quittent le collège : à treize ans, Herman se fait embaucher dans une banque, puis dans une ferme, avant de devenir comptable dans le commerce de fourrures de l’un de ses frères et de reprendre ses études au lycée. Il a vingt et un ans quand il se rend sur l’île de Nantucket, berceau de la chasse à la baleine, dans l’espoir d’y trouver un emploi rémunérateur.

Il embarque sur un baleinier, déserte, tant les conditions de vie à bord sont misérables et finit emprisonné pour mutinerie à Tahiti. Il s’évade et embarque comme harponneur sur un autre baleinier, avec lequel il gagne Hawaï où il s’engage sur une frégate de guerre.

En 1844, de retour à terre et à la vie civile, Melville décide d’écrire ses aventures. Deux ans plus tard, il publie Taïpi, récit d’un séjour parmi les cannibales dans les Marquises, puis Omoo, qui relate ses expériences polynésiennes. Suivent d’autres ouvrages dont aucun ne lui apportera le succès espéré : Mardi, Redburn, La Vareuse blanche… Melville épouse Elizabeth Shaw, fille d’un magistrat du Massachusetts. Ils auront quatre enfants.

En 1850, grâce à un prêt de son beau-père, il achète une ferme voisine de la maison de Nathaniel Hawthorne, à Pittsfield. Il se lance alors dans un récit baleinier dont l’idée lui serait notamment venue à la lecture d’un article paru en 1839 et intitulé « Mocha Dick ou le cachalot blanc du Pacifique » : il y est question d’un cachalot blanc albinos qui aurait coulé plusieurs navires sans être jamais capturé. Melville rédige Moby Dick dans l’exaltation. Mais ce roman maritime ne rencontre pas des lecteurs désarçonnés par sa dimension métaphysique.

Parution de Pierre ou les Ambiguïtés : un échec critique et un désastre financier. Puis ce sera Israël Potter. À trente-six ans, Melville sombre dans la dépression et craint de n’être jamais reconnu comme un grand écrivain. Ses Contes de la véranda paraissent en 1856, parmi lesquels « Benito Cereno » et « Bartleby le scribe », une nouvelle qui pose les bases d’une littérature de l’absurde : Bartleby, discret copiste d’un homme de loi, refuse d’effectuer certaines tâches en leur opposant un simple : « I would prefer not to », une phrase devenue culte. Parution du Grand Escroc, satire de la société américaine, et nouvel échec éditorial.

1861 : début de la guerre de Sécession. Melville n’écrit plus que des textes poétiques aux tirages confidentiels. Il vend sa ferme et trouve un emploi alimentaire d’inspecteur des douanes dans le port de New York, métier qu’il exercera pendant vingt ans. En 1867, son fils aîné se suicide à l’âge de dix-sept ans. Ce premier décès marque le début d’une période fort sombre émaillée de nombreux deuils familiaux. Herman Melville meurt en 1891 d’un accident cardiaque à soixante-douze ans. On retrouvera dans son bureau un manuscrit, Billy Budd, gabier de misaine, qui restera inédit jusqu’en… 1924, soit pendant trente-trois ans. C’est en effet dans les années 1920 que l’on redécouvrira son œuvre : il sera alors reconnu comme un écrivain majeur de la littérature mondiale.